TABASKI 2023: Le calvaire des voyageurs des bus «horaires» de Casamance
Bateau et avion à l’arrêt, rotations de Sénégal Dem Dikk suspendues, c’est le grand rush vers les bus horaires de Casamance et les voyageurs sont confrontés à une hausse considérable des prix du transport
A une semaine de la fête de Tabaski, Dakar commence à se vider de ses habitants, les habitants quittent la capitale pour rejoindre leurs localités d’origine où ils ont prévu de passer la fête de l’Aïd ElKabir ou Aïd al-Adha, en famille. Pour les ressortissants de la Casamance, notamment la région de Ziguinchor et le département de Goudomp (région de Sédhiou), avec l’arrêt des rotations du bateau Aline Sitoé Diatta, de l’avion et la suspension des dessertes des bus Sénégal Dem Dikk à destination de Ziguinchor, c’est le grand rush vers les bus horaires de Casamance. Mais là, comme chaque année, les voyageurs sont confrontés à une hausse considérable des prix du transport. Agacés par cette situation, les passagers expriment leur ras-le-bol et pointent du doigt les transporteurs, alors que ces derniers se défendent et demandent une dérogation pour rouler la nuit, au-delà de 23h et 00h.
Comme chaque année, à moins d’une semaine de la fête de l’Aïd el-Kabir ou Aïd al-Adha, aussi appelée Tabaski, Dakar commence à se vider de ses habitants. Des Sénégalais prennent d’assaut les gares routières et gares parallèles pour rejoindre leurs localités d’origine où ils ont prévu de passer la fête, en famille.
En cette période de suspension des rotations du bateau Aline Sitoé Diatta, des bus Sénégal Dem Dikk et de l’avion à destination de Ziguinchor, c’est la ruée vers les bus horaires de Casamance dont un nombre important prend départ au parking du stade Léopold Sédar Senghor à Dakar, parce que délogés de la gare routière Bignona de Grand-Yoff, sise à la zone de Captage, du fait du démarrage de travaux de réhabilitation du bassin de rétention.
Sur place, au parking du stade Léopold Sédar Senghor, les passagers sont très nombreux à recourir à ces horaires pour quitter la capitale. Un nombre important de bus sont stationnés suivant les destinations notamment Ziguinchor, Bignona, Oussouye, Cap-Skiring, Kafountine, Goudomp, etc., prêts à quitter Dakar pour rejoindre la Casamance. Les responsables de ce garage veillent à l’organisation des convois. Mbaba Diakhou Fall, porte-parole de la SNTP et aussi le porte-parole du Regroupement national des transports de proximité basé à Grand-Yoff rassure que malgré l’arrêt du bateau et des bus de Sénégal Dem Dikk, les passagers désireux de se rendre en Casamance trouveront des cars pour cette destination. «En ce moment, nous, nous sommes en train de faire le maximum pour assurer le transport des populations qui vont en Casamance. Le bateau et à l’arrêt, on a entendu que des clients qui ont fait des réservations sont en train d’être remboursés, mais on n’a pas entendu, de source sûre, que les bus du Dakar Dem Dikk ont remboursé les clients qui vont en Casamance, pour les besoins de la fête de Tabaski.
LES CHAUFFEURS INTER-URBAINS RECLAMENT UNE DEROGATION POUR CIRCULER LA NUIT
En effet, les bus appelés “horaires”, convoyant des passagers et des marchandises, circulent pour la plupart la nuit, de région en région. Mais, avec les mesures prises par le gouvernement suite à l’accident de Sikilo, à Kaffrine, et celui de Louga, il leur est interdit le transport interurbain de 23h/ 00h à 05h du matin.
Par conséquent, ces bus qui quittaient Dakar dans l’après-midi, entre 15h et 18h, ont réadapté leurs heures. Désormais, ils quittent Dakar dans la matinée, au plus tard à 9h. «Le Premier ministre, Amadou Bâ, avait annoncé : «Les véhicules de transport public de voyageurs seront interdits de circuler sur les routes interurbaines entre 23 heures et 5 heures». Mais nous ne sommes pas restés les bras croisés. On s’est rapproché, avec le bureau national du Cadre unitaire des syndicats des transports du Sénégal dont le coordonnateur était El Hadji Ousseynou Caramba Goudiaby et son bureau, du ministre des Transports terrestres pour demander des dérogations par rapport à l’arrêt de la circulation des véhicules de transport en commun à partir de 00 heure. Lorsqu’ils sont revenus, ils nous ont dit que le ministre en charge des Transports terrestres les a assurés qu’il va voir et discuter avec le Premier ministre qui a pris cette décision», confie le porte-parole de la SNTP et du Regroupement national des transports de proximité basé à Grand-Yoff. Mbaba Diakhou Fall ajoute : «nous, en ce qui nous concerne, il y aura impérativement une dérogation avant la Tabaski ; on est à 7 jours de la Tabaski. Aujourd’hui (vendredi dernier-ndlr), les véhicules qui quittent ici pour aller en Casamance ou bien au Fouta doivent revenir et prendre les clients. On ne peut pas faire un parcours de 400 ou 600 kilomètres en 12 heures de temps». A cela s’ajoute, l’arrêt du bateau, même si les bus sont disponibles, avec tous les passagers qui vont se rendre en Casamance, il y aura un impact. «Il y aura un impact, aujourd’hui (vendredi), il y a une vingtaine de bus qui ont quitté Dakar pour aller à Ziguinchor. Mais, d’ici lundi, il y aura un grand rush pour se rendre à Ziguinchor», a-t-il alerté Mor Ndiaye est un chauffeur qui fait la navette Dakar-Enampore (région de Ziguinchor). Trouvé auprès de ses amis chauffeurs, il prend la parole : «on rencontre beaucoup de difficultés depuis l’annonce de cette décision, nous voulons une dérogation pour pouvoir circuler la nuit. La Casamance est très loin et avec cette chaleur, ce n’est pas bien pour les passagers et les voitures. Depuis cette décision, j’ai changé d’horaires et ça ne m’arrange pas ; je quitte Dakar à 7h pour arriver avant 23h. Auparavant, je quittais ici à 17h et j’arrivais là-bas avant 6h du matin».
Lui emboitant le pas, Matar Laye, qui est chauffeur, aussi se plaint de l’état de la route (en chantier entre Sénoba et Ziguinchor) et des tracasseries avec les hommes de tenue. «Pourquoi le bateau ne marche pas ? Ça m’étonne. Les clients sont fatigués et les chauffeurs souffrent».
DE 9000 A 15.000 FCFA : LES PRIX DES TRANSPORTS PRENNENT L’ASCENSEUR
En attendant, comme chaque année, les voyageurs sont confrontés à une hausse considérable des prix du transport. Agacés par cette situation, les passagers expriment leur ras-le-bol et pointent du doigt les transporteurs. Gomis, trouvé sur place, n’attend que le chauffeur pour quitter la capitale et se rendre à Kafountine. Il se plaint : «les prix du transport son très chers en cette période de Tabaski. On payait 9000 FCFA ; mais, aujourd’hui, pour partir, il faut payer 13.000 FCFA». Un autre passager, qui répond au nom d’Aly Mbaye, suit les propos de Gomis. «Je suis venu et ils m’ont annoncé que les tarifs ont augmenté. L’écart est trop important… Mais les tarifs des bagages n’ont pas changé». Pour certaines destinations, comme Goudomp et les localités du Balantacounda, il faut désormais débourser 15.000 FCFA.
Les passagers, qui ont exprimé leur ras-le-bol, pointent du doigt les transporteurs. Alors que ces derniers se défendent et s’expliquent. D’après Matar Laye, «nous avons des responsables. Et pour augmenter les tarifs, il nous faut un consensus. Et les causes de l’augmentation sont multiples : si on transporte les clients, au retour, on est obligés de revenir avec une voiture vide et de payer les mêmes frais. C’est pourquoi on est obligés d’augmenter les tarifs. Il y a aussi les tracasseries routières avec les nombreux montages et gardes ; même si nous sommes en règle, on paye». Et Mor Ndiaye de renchérir, sur les causes de l’augmentation des prix : «le tarif normal pour les passagers, c’est à 9000 FCFA ; mais, avec la fête ça s’élève à 15.000 parce qu’on va prendre en compte le retour, puisque les bus seront vides de passagers.»
Mao NDIAYE