Sénégal: une reprise d’activités difficile pour les taxis et les écoles à Dakar après les violences

À Dakar, les activités reprennent progressivement après plusieurs jours de manifestations et d’affrontements faisant suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, le 1er juin 2023. Les taxis notamment ont retrouvé les routes mais les clients tardent à revenir, ce 6 juin.

Au Sénégal, pas de manifestations, pas d’affrontements avec les forces de l’ordre ce 6 juin 2023. Les activités économiques demeurent perturbées, beaucoup de banques fermées notamment. La situation est volatile, la tension reste palpable, mais le quotidien reprend doucement ses droits. Ainsi, la circulation a repris, petit à petit, depuis ce week-end, et ce mardi 6 juin les Dakarois ont même retrouvé la douceur des embouteillages… Après plusieurs journées d’inactivité, les taxis ont donc repris du service.

« Les clients ne sortent pas »

« J’ai recommencé le travail aujourd’hui, ce matin. » Cela faisait cinq jours que la voiture de Sidy Thiam n’était pas sortie du garage. Aujourd’hui, le calme précaire qui règne à Dakar le permet, mais la reprise n’est pas simple.

« Il n’y a pas de travail, il n’y a pas de banque, il n’y a pas d’applications, lance Sidy Thiam. Les clients ne sortent pas. Depuis ce matin, j’ai eu trois clients. Normalement c’est 10 à 15. C’est très très difficile ».

Assis sous un arbre devant des commerces, un groupe de chauffeurs attend les clients. Parmi eux, Djibril Faye ne cache pas son désarroi et sa colère : « Nous sommes assis, ici, parce que la situation est grave. Assis pendant deux heures durant lesquelles tu n’as pas un seul client. On n’a pas de travail. On reprend petit à petit, parce que les gens ont peur. Il n’y a pas d’argent, il n’y a pas de boulot, parce que l’État du Sénégal ne protège pas les citoyens sénégalais. Les riches sont riches et les pauvres sont pauvres. »

La reprise, timide, est aussi fragile et suspendue à une éventuelle reprise des heurts. L’activité de Djibril Faye tient à un fil. Mais le taximan comprend et soutient les manifestants.

Les écoles également au ralenti

Depuis jeudi dernier, de nombreuses écoles ont été obligées de fermer leurs portes, en raison des heurts. Dans le quartier dakarois de Cité Keur Gorgui, aucun cri d’enfants ne retentit dans la cour déserte du groupe scolaire Yalla Sur En (Ysen), qui accueille habituellement 600 élèves, de la sixième à la terminale. Pourtant, ce mercredi, tous sont invités à revenir étudier.

« Ce qui nous encourage, c’est que le ministère assure prendre toutes ses responsabilités. Aujourd’hui, il y a une sorte d’accalmie. Espérons que depuis quelques jours, la situation va revenir à la normale », témoigne Babacar Gnasse, directeur des études de l’établissement.

Lundi, l’établissement avait déjà tenté de rouvrir, mais le matin seulement. Et près de la moitié des élèves manquaient à l’appel. Car beaucoup de parents demeurent inquiets pour la sécurité de leurs enfants, comme Adama Sissoko Yansané, mère de quatre enfants, tous inscrits dans une école élémentaire du quartier. Pour s’informer de la situation des cours, elle dit recevoir des messages, « mais ce n’est pas facile parce que l’internet est bloqué donc on a un souci. Tout parent d’élève est inquiet aujourd’hui de cette situation. Ça me fait peur, ça risque de perturber les enfants, parce qu’à tout moment les enfants ont peur. »

Le gouvernement sénégalais a maintenu les dates du BFEM, le diplôme de fin d’études moyennes, et du baccalauréat, qui commencera dès lundi prochain pour certaines filières, et dans moins d’un mois pour le bac général. Mais certaines épreuves anticipées d’éducation physique ont déjà été empêchées. Et les enseignants s’inquiètent du nombre d’heures de cours qui ont été et pourraient encore être perdues.

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