Rapatriement de migrants de la Tunisie: Qu’attend donc le Sénégal pour faire comme la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Mali ?
Alors que les autorités ivoiriennes, guinéennes et maliennes ont été promptes à réagir face à la situation d’insécurité que vivent leurs ressortissants en Tunisie, nos gouvernants se montrent étonnamment passifs. Aucun acte concret du gouvernement du Sénégal à l’endroit de nos compatriotes alors qu’ils sont en réel danger depuis que le Président Kais Saied a jeté en pâture les migrants sud sahariens à des Tunisiens enragés et prompts à les prendre comme boucs émissaires pour se consoler de leur mal-vivre.
La Guinée, la Côte d’Ivoire et le Mali ont donc vite compris tout le danger qui guette leurs ressortissants en terre tunisienne et ont aussitôt décidé de leur rapatriement avant que l’irréparable ne se produise.
Pour l’heure, les autorités sénégalaises se sont juste contentées de simples déclarations à l’image de l’Ambassadrice du Sénégal en Tunisie. « Quelque 800 Sénégalais sont enregistrés par les autorités consulaires sur le terroir tunisien », soutient en effet Ramatoulaye Ba Faye dans un entretien avec l’APS, disant se référer à une base de données dont la fiabilité a été mesurée lors de la distribution des fonds Force Covid-19.
Toutefois, rien dans ses propos ne laisse entrevoir l’éventualité d’une opération de rapatriement de nos compatriotes. Au contraire, saluant la qualité des liens entre les deux pays, l’Ambassadrice a dit qu’elle souhaiterait que ‘’les relations économiques soient à la même hauteur que les relations politiques ». Avant d’indiquer que ‘’l’absence de visa est un signe parmi d’autres de la proximité entre le Sénégal et la Tunisie ». Rien que de la littérature au moment où il est urgent d’agir.
Quant au Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, il dit continuer de suivre de près la situation des Sénégalais résidant en Tunisie et tient à informer « qu’aucun incident concernant un compatriote n’est à signaler à ce jour ».
Par ailleurs, Aïssata Tall Sall informe qu’en plus de la Cellule de crise, l’Ambassade a, en rapport avec les différentes associations sénégalaises en Tunisie, ouvert un registre pour recenser les ressortissants Sénégalais qui souhaitent rentrer au Sénégal et faciliter leur rapatriement.
Pis, non contents de ne pas voler au secours des Sénégalais empêtrés dans l’enfer tunisien, nos gouvernants ont même eu le cran d’ordonner l’arrestation du député Guy Marius Sagna et d’une dizaine de manifestants dont le seul tort est d’avoir voulu déposer une lettre de protestation à l’Ambassade de Tunisie à Dakar. Une décision aussi surprenante qu’arbitraire.
Président de l’Ong « Horizon Sans Frontière », Boubacar Sèye est loin d’être rassuré par les déclarations des autorités sénégalaises. Pour lui, il n’ y a qu’une chose qui vaille. A savoir, le rapatriement dans les plus brefs délais de nos compatriotes présents en Tunisie. Car, soutient-il, « la situation peut dégénérer à tout moment » . En effet, les Tunisiens, en proie à une situation économique et sociale très difficile et piqués au vif par leur propre Président, pourraient s’en prendre à ces migrants qu’ils accusent de tous les maux et, pis, qu’ils considèrent comme la cause de leurs difficultés quotidiennes. Or, devant une situation grosse d’autant de risques, la priorité est au retour au bercail de nos compatriotes. Hélas, nos autorités se livrent jusque-là à leur exercice favori : des discours, rien que des discours, pendant que les autres pays eux sont dans l’action et posent des actes concrets pour voler au secours de leurs ressortissants.
Diao MBALLO