SERIE DE NOYADES Déjà 21 morts dans l’indifférence totale

On a beaucoup parlé des trois morts du dernier rassemblement interdit de Yewwi Askan Wi. On s’est fait l’écho des 27 migrants tombés sous les balles de la police marocaine à Ceuta et Melilla. On continue d’épiloguer sur les 15 pertes en vie humaine suite au chavirement d’une pirogue à Kafountine. En revanche, on évoque à peine les 21 jeunes qui ont péri ces derniers temps par noyade. Et pourtant, nos plages sont en passe de devenir des mouroirs dans l’indifférence totale.

 

Les chiffres font frémir. En 22 sorties au niveau de plusieurs plages sur l’étendue du territoire , les sapeurs-pompiers ont enregistré ces derniers temps  27 victimes dont 6 qui ont pu être repêchés et transférés dans les structures et malheureusement 21 morts. L’information est de Pape Ange Diatta, chargé des opérations au niveau de l’état-major du Groupement national des Sapeurs-pompiers, invité par Sud Fm. 21 morts en quelques semaines, c’est plus que les 15 victimes de la pirogue qui a chaviré aux larges de Kafountine et c’est presque autant que les 27 migrants décédés à Ceuta et Melilla alors qu’ils tentaient de forcer les barrières pour entrer en territoire espagnol. Un drame qui, à juste titre, a suscité tristesse et consternation à travers le monde, et particulièrement en Afrique, y compris au Sénégal. Et pourtant, il y a un drame qui se produit sous nos yeux sans que grand monde ne s’en émeuve. A savoir, la série macabre de noyades qui a déjà fait 21 décès sur nos plages alors que la  période de chaleur vient juste de démarrer.

Certes, un dispositif de surveillance est mis en place par les Sapeurs-pompiers depuis le 18 juin dernier et jusqu’au 20 octobre prochain. Lequel dispositif assure la présence de sapeurs-pompiers de 9 h à 19 h sur la trentaine de plages où la surveillance est assurée. Il n’empêche qu’il y a déjà eu plusieurs cas de noyades avec leur lot de morts. Mais, précise le lieutenant-colonel Pape Ange Diatta sur les ondes de Sud Fm, la grande majorité des décès a été enregistrée sur les plages non seulement interdites à la baignade, mais aussi sans surveillance. Toutefois, deux parmi ces décès ont été certes enregistrés à la plage de Malibu, autorisée à la baignade, mais à la périphérie et non à l’épicentre de la plage où se concentrent pratiquement tous les baigneurs. « La plage de Malibu est longue de plusieurs centaines de mètres, vous comprendrez qu’on ne puisse pas y assurer la présence de nos éléments de bout en bout. Et, malheureusement, bien qu’on y assure la surveillance, c’est dans la partie hors contrôle des sapeurs-pompiers que se produisent ces quelques rares cas de noyages sur les plages placées sous notre contrôle », a précisé le lieutenant-colonel Diatta.

Toujours est-il que le phénomène des noyades a de quoi inquiéter.  On craint en effet le pire avec la vague de chaleur qui s’annonce. Ce qui rend encore plus pertinente l’interpellation du député Mamadou Lamine Diallo aux pouvoirs publics sur la pertinence des travaux d’embellissements prévus sur la Corniche ouest. «Pour, dit-on, 18 milliards, à vérifier évidemment, Macky Sall prétend embellir la corniche ouest de Dakar, en face de Rebeuss, avec des balançoires et des palmiers», fait remarquer le président du mouvement Tekki. Dans sa ‘’questekki’’ rendue publique avant-hier, il s’interroge : « Quel est le sens économique de ce projet ? Soutenir la demande de logements de luxe du complexe Daktower, à côté du stade Assane Diouf ? Pourtant, il y a moins cher et plus utile aux jeunes en cette période de vacances scolaires. Sécuriser les plages en construisant des postes de secours pour les maîtres-nageurs à moins de 20 millions de francs ». A l’en croire, «la réglementation en vigueur en matière de baignade est impraticable comme le système de parrainage de Macky Sall. Comment interdire les plages à la baignade sans pouvoir les surveiller ? Sauf pour se donner bonne conscience, les morts par noyade sont de la responsabilité des parents et des victimes ».

En tout cas, il y a lieu de renforcer la sécurité sur nos plages pour ne pas connaître une hécatombe à la mesure de celle de 2012 où 42 victimes au total ont été enregistré durant la seule période des vacances scolaires. Hélas, on est parti pour revivre le même drame. Et le plus grave est que tous ces morts interviennent dans une indifférence totale.

Souleymane Sokhna    

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