MANIFESTATIONS VIOLENTES AU SENEGAL Folie répressive : 17 morts en un an
Le Sénégal vit une série de manifestations violentes accompagnées d’une folie répressive. Entre mars 2021 et juin 2022, dix-sept (17) morts ont été enregistrés entre Dakar, Bignona et d’autres localités du pays. Un bilan très lourd. Et pourtant, les solutions ne manquent pas pour ne pas en arriver à ces pertes en vies humaines.
Pour barrer la route à une troisième candidature du Président Abdoulaye Wade, des manifestations avaient éclaté au Sénégal, il y a 11 ans. Entre 2011 et 2012, une dizaine de morts avaient été enregistrés, plus exactement 13. Le pape du Sopi défait, tout le monde pensait que le Sénégal en avait fini avec cette spirale de violences politico-électorales. Ce qui est loin d’être le cas. Après un septennat assez calme pour le Président Macky Sall, son second mandat est marqué par des affrontements d’une rare violence. Et c’est le fait uniquement politique qui est passé par là. Ce qui pouvait bien être évité, si effectivement, les acteurs politiques mettaient en avant un sens élevé de la responsabilité. Les écarts de langage ont fini de créer une totale rupture de confiance et ont donné naissance à une haine viscérale entre les acteurs politiques. Il suffit donc de peu pour que ça s’embrase. Un simple geste mal calculé peut en effet créer un véritable désastre. Malgré tout, les acteurs politiques foncent sans tenir compte des conséquences. Pour un rien, on laisse place à des invectives avec un contenu communautariste, ethnique, religieux et confrérique. A vrai dire, ils s’amusent avec des allumettes. Chacun cherchant à liquider l’autre ou donnant l’impression de vouloir liquider l’autre. Et c’est justement ce qui est arrivé lors des évènements du mois de mars 2021. Accusé de viols par Adji Sarr, une bonne partie de l’opinion a vite fait d’innocenter Ousmane Sonko. Convoqué par le défunt doyen des juges Samba Sall, il a eu le soutien d’un grand nombre de citoyens qui ont vite cru à sa thèse du complot. Conséquence : des manifestations d’une rare violence éclatent à Dakar avant de se propager dans d’autres localités du pays. Le bilan est lourd, puisqu’il a été dénombré pas moins de quatorze (14) morts, des centaines de blessés et d’arrestations. Ce n’est pas tout, puisque des milliards de francs CFA ont été perdus suite à des casses orchestrées par des manifestants. Ces évènements malheureux avaient poussé tous les acteurs des cercles politiques, maraboutiques et de la société civile à clamer qu’il est impératif de renouer le fil du dialogue afin d’éviter au Sénégal de pareilles situations chaotiques.
Un appel qui est manifestement tombé dans l’oreille de sourds. Et pour cause, le processus politico-électoral avec ses manquements, a encore fini de créer une autre situation où les nerfs sont tendus, où les frictions et les prises de position va-t-en-guerre sont légion. D’où la manifestation de ce vendredi 18 juin lourdement réprimée et qui a encore produit quasiment les mêmes effets qu’en mars 2021 avec des morts enregistrés. Trois au total ont été malheureusement dénombrés, ainsi que plusieurs blessés par balle ainsi que de nombreuses arrestations. Jusqu’à quand ? 17 morts en un an… Trop c’est trop !
Abdoulaye MBOW