La « SONKORISATION » investit des événements non-politiques
Le Parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a été dissous le 31 juillet par les autorités sénégalaises. Quant au leader du Pastef, Ousmane Sonko, condamné à deux reprises en mai et juin, il est détenu depuis près de huit semaines pour divers chefs d’inculpation. Ces dernières semaines, les partisans de l’opposant ont néanmoins trouvé une nouvelle méthode pour se faire entendre : « sonkoriser » des événements aussi bien culturels que sportifs ou du quotidien. Explications.
« Libérez Sonko ! » Ces mots ont été scandés par des partisans du leader de l’opposition au Sénégal, Ousmane Sonko. C’était le soir du mardi 21 septembre 2023, à Paris. Le concert du chanteur sénégalais Youssou N’Dour a été interrompu pendant quelques minutes par ces supporters. La vidéo a fait le buzz au Sénégal, mais elle n’est pas la seule.
Depuis quelques semaines, c’est de plus en plus fréquent : des partisans du patron des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) s’emparent de rassemblements culturels ou sportifs pour s’exprimer. Et aussi au Sénégal, au point qu’il existe désormais un mot pour ça : « Sonkoriser » un événement.
Voilà un mot qui est apparu dans le langage ces dernières semaines. « Sonko, tu nous manques ! », chanté en wolof. C’était pendant une rencontre de foot amicale dans un quartier de la banlieue de Dakar, il y a quatre jours. Scénario identique pendant le match de foot qui a opposé le Sénégal à l’Algérie il y a une semaine. Des mariages ou des concerts sont également « sonkorisés » et postés sur les réseaux sociaux.
Pour le politologue Babacar Ndiaye du Groupe de réflexion Wathi, c’est une stratégie de survie du Pastef dissous fin-juillet : « Leur stratégie, aujourd’hui, est de profiter de manifestations, par exemple des matches de football ou de concerts, parce qu’on a constaté que les dernières manifestations ont été interdites. »
« Cela reflète une bonne organisation du parti »
Mais pour Ellimane Haby Kane, également politologue, c’est aussi la preuve d’une capacité d’organisation : « Cela reflète une bonne organisation du parti, aussi bien au niveau des réseaux sociaux qu’au niveau de la diaspora, où les gens peuvent se mobiliser plus facilement qu’ici, au Sénégal, où toutes les libertés sont un peu ostracisées. »
La maîtrise des outils de communication et des réseaux sociaux redonne une forme de visibilité au parti de l’opposition dissous tout comme à son candidat.