IMMIGRATION CLANDESTINE: Un drame sans fin
Les propos tenus récemment à l’égard des « immigrants clandestins » par le Président tunisien, Kais Saied, en ont ému plus d’un.
Lors d’une réunion tenue sous sa présidence, il n’a pas hésité à indexer les migrants en provenance de l’Afrique subsaharienne dont il considère qu’ils constituent une source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables » pour la Tunisie. Avant de soutenir que cette immigration clandestine relevait d’une ‘‘ entreprise criminelle visant à transformer la composition démographique de la Tunisie’’. Bref, la fameuse théorie du « grand remplacement » comme alimentée et portée en France par le polémiste et patron de « Reconquête », le très controversé Eric Zemmour.
En tout cas, lancés dans une périlleuse aventure, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants risquent leur vie chaque année dans des d’éprouvants voyages pour tenter de rallier les pays du Nord dans l’espoir de trouver de meilleures conditions de vie. Au cours de ces voyages, beaucoup perdent la vie, tandis que d’autres sont victimes de racisme et de xénophobie. Enfin, ceux qui arrivent à destination se rendent compte qu’ils ne sont pas dans l’eldorado qu’ils étaient venus chercher.
Le phénomène est plus horrible sur la route de l’exil entre le Niger, la Lybie et l’Algérie. Sur ce long trajet, ils sont souvent victimes de traitements inhumains, kidnappés et violés par des trafiquants qui les rançonnent ou les vendent comme des esclaves.
On se rappelle ce terrible naufrage de 2015 sur les côtes de la Libye qui avait coûté la vie à près de 800 migrants qui tentaient de rallier l’Italie par la Méditerranée.
Les initiatives se multiplient, mais le mal persiste
Dans le cadre de la lutte contre l’immigration irrégulière, plusieurs fonds ont été mobilisés entre 2015 et 2022. Avec l’Union Européenne, plus de 250 projets ont été initiés pour accompagner l’Afrique. Sans compter l’effort de la France qui, pour améliorer sa politique d’immigration, d’asile et d’intégration, avait décidé de porter son Aide Publique au Développent (APD) à 0,55% de son PIB en 2022 contre 0,37% en 2016
De son côté, l’Organisation Internationale pour les Migrants (OIM), depuis sa création en décembre 1951, multiplie des actions comme l’insertion des jeunes, le financement de projets et des débats de sensibilisation aux dangers de l’immigration irrégulière.
Seulement voilà, rien n’a changé ou presque. Dans les pays du Sud, des milliers de jeunes continuent de prendre les pirogues ou de passer par les frontières au prix de leur vie. Alors que dans les pays d’accueil, le racisme et la xénophobie émergent sous de nouvelles formes. L’immigration clandestine y est plus que jamais mal perçue. Quant au Président Kais Saied, il a jeté en pâture par ses propos des milliers de migrants à des Tunisiens enragés qui en ont fait la source de tout leur mal-être. Quelle honte et quelle ignominie !
Diao MBALLO