HAUSSE DU PRIX DES DENREES ET DU SUPERCARBURANT,Le spectre des émeutes de la faim
Depuis plusieurs mois, le Sénégal fait face à une flambée tous azimuts du prix des denrées de première nécessité. De l’huile à l’oignon, en passant par la viande, les commerçants affichent des prix qui sont loin d’être à la portée de la grande majorité des consommateurs. En face, les meuniers menacent de faire augmenter le prix du pain et le prix du supercarburant vient de connaître une hausse de 115 francs CFA. Un renchérissement du coût de la vie qui n’est pas sans conséquence dans un pays comme la Guinée où des manifestations de rue se sont déjà soldées par un mort et plusieurs blessés. Et la psychose des émeutes de la faim gagne plusieurs pays du continent.
S’il est vrai que le Sénégal, à l’image de plusieurs pays dans le monde, subit les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine avec une forte inflation constatée sur le marché, il est également avéré que l’augmentation du prix de certaines denrées ne s’explique pas de manière objective. En effet, depuis plusieurs semaines, voire quelques mois, l’on constate de fortes spéculations sur le prix de denrées de première consommation. Qu’il s’agisse du sucre, de l’huile, de l’oignon, entre autres et même du prix de l’aliment de bétail (mouton) à quelques semaines de la Tabaski, les prix ne cessent de flamber. Passant parfois du simple au double, pour ne pas dire au triple. Le constat est quasi-général : tout est cher. Certes, il y a quelques mois, le Gouvernement avait pris la décision de réduire le prix de certaines denrées. Seulement, sur le marché, la situation est tout autre. Actuellement, il est presque impossible pour certaines familles de manger convenablement de la viande. Le kilogramme de la viande de bœuf qui se situait entre 3200 et 3500 francs est même vendu à 4000 francs. Pour celui du mouton, il est passé de 3800 à 5500, voire 6000 francs CFA. Pour l’huile, le litre est passé de 300 francs CFA à 450 francs CFA. Comme si cela ne suffisait pas, le ministère du pétrole et des énergies est venu mettre une autre couche. Cette fois-ci, c’est le litre du supercarburant qui est touché par la hausse des prix. Il passe de 775 francs CFA à 890 francs CFA. Ce qui ne sera pas sans grandes conséquences. Car, il y aura forcément des impactés et par rapport à leurs activités commerciales, ils n’hésiteront pas à opérer également des hausses sur les services offerts. Cette dernière augmentation vient en tout cas s’ajouter à celles qui l’ont précédée et ça risque de ne pas s’estomper. Le pain est à surveiller surtout à un moment où les meuniers ruent dans les brancards, réclamant à l’Etat du Sénégal une dette de plus de dix (10) milliards francs CFA. La baguette de pain va-t-elle subir le même sort ? Par ces temps qui courent et en rapport avec les causes endogènes et exogènes, rien n’est exclu. La route qui mène à la Tabaski sera également truffée de pièges pour les consommateurs. Mais, pas que… Il est surtout redouté des émeutes de la faim puisqu’en Guinée, la junte militaire, qui était pourtant plutôt bien accueillie, fait face actuellement à des manifestations qui se sont déjà soldées par un mort et des blessés. L’augmentation du prix du carburant est passée par là. Au Sénégal, les autorités font des pieds et des mains pour contenir un élargissement des augmentations. Fort heureusement, le gasoil qui est le plus utilisé surtout dans les transports n’est pas encore impacté. Mais jusqu’à quand sera-t-il épargné ? Toujours est-il que le spectre des fameuses émeutes de la faim de 2008 plane sur plusieurs pays du continent. Et c’est sans doute une des raisons pour lesquelles, Macky Sall a été dépêché par ses pairs pour aller à la rencontre de Poutine.
- A.MBOW