Financement des partis politiques: La révolution PASTEF
Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) affirment avoir récolté 333.330.000 FCFA, le dimanche 15 janvier, lors d’une journée de collecte de fonds initiée en vue de financer le Nemmeku Tour. Le PASTEF réussit un exploit inédit dans la sphère politique.
PASTEF n’en était pas à sa première tentative. Et comme lors de la précédente tentative en 2021, lors de laquelle ils avaient récolté 125 millions FCFA, cette fois encore la moisson fut au rendez-vous. Et dire que le parti avait pour objectif, une somme de 250 millions. Les résultats sont allés au-delà des attentes puisque le parti de Ousmane Sonoo a récolté plus de 300 millions en 24h. Ces fonds, font-ils savoir, sont destinés à financer les activités du parti à l’horizon 2024.
Cette forme de financement a été, notamment, utilisée par l’ancien président des États Unis, Barack Obama. Ce champion du fundraising a, en effet, financé à deux reprises ses campagnes présidentielles grâce à des électeurs et sympathisants.
Cette politique participative remet sur la table la question du financement des partis politiques. Ici, il s’agit d’une mobilisation des ressources, du bas vers le haut. L’on se rappelle du communiqué du ministre de l’Intérieur le 03 janvier 2021 au lendemain de la première journée de levée de fonds du PASTEF. Antoine Diome rappelait les dispositifs de « l’article 3 de la loi n° 81-17 du 6 mai 1981, relative aux partis politiques, modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989, les partis politiques ne peuvent bénéficier d’autres ressources que celles provenant des cotisations, dons et legs de leurs adhérents et sympathisants nationaux et des bénéfices réalisés à l’occasion des manifestations ». Il précisait ainsi que « par conséquent, tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal s’expose à la dissolution, conformément à l’article 4, alinéa 2 de la loi de 1981 susmentionnée ».
“En avance”
Une déclaration qui avait fait réagir le leader de Pastef. Ce dernier justifiait cette méthode par une volonté d’être « indépendant et autonome » et d’éviter « des lobbies qui sont prêts à investir sur des produits politiques et à en attendre le retour sur investissement ».
Se réjouissant de l’engagement des militants et sympathisants, la cellule de communication du Pastef juge que ces derniers « ont montré la voix pour un financement transparent pour les partis politiques ». Un financement qui, pour le Pastef, « est entouré par une nébuleuse entre corruption, détournement et financement de lobbies de tout genre » en Afrique. La cellule de communication soutient que « cette option garantit au peuple, l’indépendance d’action au profit des populations ».
Mais en même temps, pour le constitutionnaliste Ngouda Mboup, « le parti Pastef est en avance sur l’Etat dans la promotion du financement et la modernisation des partis politiques ».
« Parmi les 15 points du référendum figurait la modernisation du financement des partis ainsi que leur bonne gouvernance associative (article 4 de la Constitution). La création de la Haute autorité de régulation dirigée par une personne non membre du parti, le financement par levée de fonds sont autant d’initiatives qui permettent de percevoir que le Pastef est en train de réformer le système politique sénégalais dans un sens positif », soutient le juriste.
S’agissant de la question de la transparence, Pastef s’est organisé pour avoir un outil de garantie. « Il s’agit du secrétariat national des finances. Toutes les dépenses sont gérées et contrôlées par des commissaires aux comptes en plus du fait que la plateforme utilisée est très transparente », explique El Malick Ndiaye.