Amadou Ba envoyé pour sauver les voleurs de la République

C’est essayer de noyer le poisson que de rencontrer la société civile pour éclairer ou discuter du rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds destinés à la lutte contre la COVID-19. Le PM, Amadou Ba, envoyé pour dédramatiser la situation, sait pertinemment bien que la mission à lui confiée relève de l’impossibilité. Inopportune et impertinente, sa rencontre avec le collectif « SUNU’Y MILYAAR DU REES « , en prélude à toute poursuite judiciaire, s’apparente plus à une opération de sauvetage des personnes incriminées. Ce qui visiblement est voué à l’échec, quelles que soient les explications données, lesquelles ne devraient être utiles que devant le juge.

La position de l’État du Sénégal sur le rapport de la Cour des comptes frise l’incompréhensible pour ne pas dire le ridicule. Après que des fonds destinés à la lutte contre la COVID-19 ont été mal utilisés, le gouvernement se mue en un appareil de sauvetage des mis en cause au lieu de donner suite aux recommandations des magistrats. Au lieu de cela, c’est le PM qu’on envoie en mission de nettoyage, après que le ministre du budget a été incapable de convaincre les citoyens en minimisant le montant annoncé comme étant détourné. Pour lui, cela n’était même pas le 1% des mille milliards qui étaient en jeu; quel manque d’humilité!

Nous voilà dans une année 2023 très mal partie quand le chef du gouvernement rencontre la société civile pour dédramatiser sur l’utilisation vicieuse et sombre de nos deniers publics. Pourtant quand il s’était agi de déclencher la traque des biens mal acquis en 2012, le président de la République et son clan n’avaient consulté personne. Quand il s’est agi, 5 ans plus tard, de la reddition des comptes pour l’affaire de la gestion de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, le gouvernement n’avait consulté aucune entité. Tout était alors justifié par une volonté immuable de répondre à ce qu’on expliquait comme une demande sociale. Et des procès étaient organisés aussitôt pour envoyer des opposants en prison.

L’emprisonnement de Khalifa Sall et de Karim Wade n’avaient donc fait suite à aucune médiation, ni consultation. On se rappelle les révélations de Serigne Abdou Aziz Sy Al-amiin, alors porte-parole du Khalife général des Tidianes, qui avait interpellé le PR sur le cas de l’ancien maire de Dakar. « Avant hier, j’ai téléphoné au chef de l’Etat Macky Sall pour lui demander d’accorder le pardon à Khalifa Sall. J’ai demandé au chef de l’Etat de le libérer », avait-il déclaré quelques jours avant le Maouloud 2017. Mais il faudra attendre deux ans plus tard, soit après la présidentielle de 2019, pour voir Khalifa Sall sortir de prison.

Dès lors, on comprend mal que le PM et ses services s’attellent à essayer de justifier le vol de nos ressources par une clique de dirigeants malhonnêtes et assassins. Oui, il faut être sans cœur pour pouvoir s’accaparer des ressources destinées à soulager une population qu’une pandémie avait fini par jeter dans des jours sombres, et interminables. Cette mission aurait été comprise si elle avait été précédée d’autres, dans un Sénégal de dialogue et de tolérance.

Quoi donc de plus normal et plus rassurant que de suivre tout bonnement les recommandations en livrant les coupables à la justice? Ce n’est que de cette façon qu’on pourrait redorer le blason de la justice qu’on accuse toujours d’être à deux vitesses. « La patrie avant le parti », « gouvernance sobre et vertueuse », « Sénégal de tous, Sénégal pour tous », toutes ces belles expressions ne doivent pas rester vains slogans. Elles doivent être au cœur de l’action de ceux qui tiennent actuellement les rênes du pouvoir et qui ont vraiment « Le Sénégal au cœur « .

Cela doit être le cas d’autant plus que le gouvernement n’a jamais joué les bons offices pour tirer les opposants d’affaire quand ils ont maille à partir avec la justice. L’exemple le plus patant est ce dossier de Sweet Beauté qui prend en otage la paix au Sénégal depuis mars 2021. Alors que des dizaines de morts ont été déjà enregistrés, par le seul fait de cette affaire visiblement politique, le gouvernement n’a jamais daigné recourir à cette stratégie de rencontrer la société civile pour éteindre le feu.

Pourtant, ça aurait eu le mérite d’éviter au Sénégal des tensions inutiles, et toutes les parties s’en seraient sorties sans être ridicules. Hélas, et on se désole de le constater, la patrie qu’est le Sénégal ne passe pas avant l’intérêt du parti qu’est l’APR et le Bennoo qui soutiennent le président Sall.

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