ABDOULAYE ELIMANE KANE

Le philosophe et écrivain Abdoulaye Elimane Kane appelle à une interrogation sur le devenir de l’homme et le sens profond de l’existence. Une réflexion qui doit, selon lui, s’imprégner de l’importance de la science et de la technique sans la surestimer. Ce point de vue reprend les lignes directrices de son ouvrage intitulé «Eloge des identités. De l’universel et du particulier», édité en 2009 par les éditions L’Harmattan. M. Kane, professeur des universités à la retraite, présentait cet ouvrage mardi au cours d’une rencontre de la section des sciences sociales et humaines de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANTS). «Tout le monde sait que la science et la technologie ont rendu d’énormes services à l’humanité, en particulier dans le domaine de la médecine et dans la circulation des idées, mais nos sociétés doivent se préoccuper de savoir quelle société nous voulons devenir», a-t-il déclaré. Le professeur Abdoulaye Elimane Kane, par ailleurs ancien ministre de la Culture, a insisté sur le fait que la formation à l’université ainsi que les débats démocratiques doivent amener à mieux comprendre «quelle société nous voulons devenir, en reconnaissant l’importance des sciences et des techniques, mais en choisissant toujours ce que nous voulons devenir».

Il a sur ce point alerté sur le transhumanisme, un mouvement philosophique qui «projette de réaliser quelque chose de plus que l’homme et qui pratiquement ferait oublier l’espèce humaine et qui se fonderait sur les avancées technologiques très pointues, en particulier ce qu’on appelle les algorithmes». Pour éviter d’en arriver à une telle situation, il a insisté sur «la nécessité de savoir que nous voulons rester des humains», postulat qui donne selon lui un sens à l’existence, lequel sens ne devrait pas se réduire «seulement aux moyens techniques et scientifiques». Dans la perspective de son ouvrage, il a livré son analyse sur deux questions qui, à ses yeux, sont au cœur d’une réflexion sur les identités. A savoir : «qui sommes-nous ?, et que voulons-nous devenir ?». Selon lui, l’objectif de cette interrogation «est double : reconnaître le bien-fondé des craintes suscitées par les manipulations et les usages malveillants de ce concept, sans phobie, ni fétichisme de l’universel», et ensuite «soutenir que le relativisme est compatible avec l’universalisme sans conduire au scepticisme».