Macky Sall en eaux troubles
« Décidément les dieux ne sont pas avec le président de la République, s’exclame WalfQuotidien. À moins d’une année de la fin de son deuxième et dernier mandat ou de son premier quinquennat, c’est selon, Macky Sall fait face à la multiplication des fronts. Confronté à une forte contestation sur sa 3e candidature, aux manifestations violentes liées à l’affaire de l’opposant Ousmane Sonko qui ont fait deux morts jeudi dernier, voilà qu’il doit faire face à un nouveau front ouvert par les enseignants », en grève partir de ce lundi, ainsi que par les fonctionnaires des impôts.
« À cela, poursuit WalfQuotidien, il faut ajouter la cherté du coût de la vie malgré la baisse décrétée par le gouvernement sur le loyer et les denrées alimentaires. L’inflation moyenne a atteint 9,7 %, son plus haut niveau depuis plusieurs décennies. La jonction des fronts et des mécontentements risque d’être un cocktail explosif, estime le quotidien sénégalais, une véritable bombe à retardement difficile à désamorcer. Car la marge de manœuvre du chef de l’État est limitée. La manne pétrolière et gazière qui est supposée faire du Sénégal un Qatar bis n’est prévue qu’en fin d’année. L’incertitude sur sa 3e candidature le fragilise. Même dans son propre camp, ceux qui n’espèrent plus ni poste ni argent vont bientôt commencer à donner de la voix. »
Conséquence, les appels à la raison se multiplient dans la presse sénégalaise : ainsi, note Le Soleil, « le militant des droits de l’homme et expert indépendant des Nations unies, Alioune Tine, appelle Macky Sall, à entretenir le dialogue « avec tout le monde », pour mettre fin aux tensions politiques. « Notre président a un grand leadership en Afrique. Il faut le reconnaître. Il a aussi un leadership mondial. Il a un bilan élogieux. Il n’a qu’à appeler tout le monde et à discuter avec tout le monde », affirme Alioune Tine. « Le Sénégal est […] un miroir dans lequel se regarde toute l’Afrique. Il me semble que les aînés nous ont légué ce miroir. Il ne faut pas qu’il se brise entre nos mains. Il faut que les politiciens, toutes tendances confondues, se réunissent », insiste Alioune Tine. »
Même appel au dialogue dans cette tribune publiée par le quotidien 24 Heures : « aujourd’hui, tout vacille et l’inquiétude nous gagne. Nous sommes tétanisés à l’idée des mois qui nous séparent de la Présidentielle, mois au cours desquels le « Mortel Kombat » que se livrent deux hommes pourrait connaître son apogée. Nous sommes agacés par les concerts de casseroles, les manifestations à tout bout de champ et pour tout prétexte, la vue de tous ces hommes en tenue à chaque coin de rue, les nombreuses arrestations… Que l’opposition s’oppose, que l’État de Droit s’affirme, qu’il veille à rester debout, sans excès de part et d’autre. Et nous dans tout cela ? Nous sommes en train de perdre cette paix à laquelle nous sommes tant attachés. Nous sommes spectateurs-otages d’un combat que se livrent deux hommes qui semblent mettre en avant leurs ambitions personnelles au détriment de l’intérêt national. (…) Alors, lance 24 Heures, pourquoi pas des retrouvailles autour d’une table entre Macky Sall et Ousmane Sonko pour s’entendre sur ce qui est possible ou non, sur ce qui est faisable ou non ? Marchons tranquillement vers des élections apaisées, redevenons la démocratie sereine et tant enviée que nous avons toujours été. Redevenons le pays du bon vivre. »
Enfin, le quotidien Le Pays au Burkina Faso renvoie Macky Sall et Ousmane Sonko dos à dos… « Au vu des cas de l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, et de Karim Wade, qui sont autant de poids lourds de l’opposition écartés de la course au fauteuil présidentiel dans les conditions que l’on sait, il est difficile de donner le bon Dieu sans confession au régime de Macky Sall. Surtout que le chef de l’État sénégalais continue de garder le mystère sur ses intentions de troisième mandat qu’on lui prête. Mais Ousmane Sonko doit aussi s’assumer, s’exclame Le Pays. Car, il est un peu trop facile de se mettre en délicatesse avec la loi, et de crier chaque fois à la cabale politique parce qu’on est un opposant ambitieux. Autrement dit, la casquette d’opposant ne doit pas être un parapluie pour se prémunir contre des poursuites judiciaires. (…) Qu’il assume donc ses actes en laissant la Justice faire son travail. D’autant que s’il n’a rien à se reprocher, en plus d’être blanchi, il en sortira plutôt grandi. Par contre, cette propension frénétique à ameuter la rue à la moindre convocation pourrait le desservir en laissant croire à une volonté déguisée de se soustraire à la Justice. »