Taux de divorce élevé au Sénégal: causes et conséquences d’une tare sociale
Juridiquement parlant le divorce est la rupture du lien conjugal prononcé par un juge. Un divorce arrangé par les deux époux ou leur famille sans l’intervention du juge «n’est pas valable devant la loi». Il existe deux types de divorce: le divorce par consentement et le divorce contentieux.
Dans ce décryptage , on a l’impression que le divorce est devenu un phénomène de mode. Des divorcés et des spécialistes en la question ont expliqué les causes de cette recrudescence des divorces ainsi que les conséquences qui peuvent en découler.
Les cas de divorce augmentent de plus en plus au Sénégal. Des recherches ont confirmé que le phénomène gagne de plus en plus du terrain. Rien que pour 2021, le nombre de divorce s’est élevé à 126.286. Mais, La majorité des cas concernent les «femmes avec 96.049 personnes et les 30.236 sont des hommes» ce qui montre qu’au Sénégal, le taux d’instabilité des unions reste très élevé, surtout chez les femmes.
D’après les chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, « les divorcés sont plus nombreux dans la région de Dakar (2,5%). La capitale est suivie par les régions de Matam et Saint-Louis avec 1,5% chacune (identique à la moyenne nationale). La région de Sédhiou avec 0,5% enregistre la plus faible proportion de personnes divorcées, suivie de Kédougou et Kaffrine avec 0,7% chacune».
Rien qu’à Dakar, durant l’année 2022, le tribunal départemental a ainsi eu à prononcer 1775 divorces.
Selon Madame Ndiaye Khady Samb, , les causes sont multiples. « A mon avis, cette situation est due à l’évolution des mœurs au Sénégal. Auparavant la religion avec un impact très fort dans la vie sociale mais tel n’est plus le cas. La religion a un peu perdu de son apanage. Il y a aussi le statut laïc de notre république. Les individus subissent ce que l’on appelle une dégradation des mœurs. Les femmes sont devenues plus perverties qu’auparavant et les hommes sont de moins en moins responsables. Ce qui fait que y a beaucoup de divorces de nos jours », a expliqué la sociologue
A. F, une divorcée fait part de sa situation. Elle s’est mariée avec un immigré. « On sortait avant qu’il ne parte .Une fois en Europe, on a scellé le mariage. J’avais de bons rapports avec mon époux. Mon problème, c’était les membres de ma belle-famille, surtout ma belle-mère. Elle était insupportable et me menait la vie difficile. Je n’ai pas pu supporter cette situation», a-t-elle confié..
N. S s’est séparée de son mari pour un engagement non respecté: « quand on s’est marié, je préparais mon Baccalauréat. Il était convenu entre nous qu’une fois mon diplôme en poche, j’allais continuer mes études supérieures, car mes parents comptaient sur ma réussite, étant donné que je suis leur aînée. Une fois le Bac en poche, il voulait que j’arrête les études. Il m’avait menti. Je n’avais plus confiance en lui. Au début, je voulais céder, en laissant tomber mes études. Mais, après réflexion, je me suis dit que si jamais je laissais passer cela, il allait exiger autre chose ».
Cette grand-mère, trouvée devant le seuil de sa maison , donne son avis en ces termes : « les jeunes filles de nos jours ne savent pas gérer un ménage. Elles ne connaissent même pas le sens du mariage. Pourtant elles ont des avantages que nous, leurs mères, n’avions pas à notre époque, mais nos mariages ont duré grâce à notre capacité à se soumettre, à notre endurance et à notre patience. Il faut qu’elles incarnent ces valeurs ancestrales pour mener à bien leur mariage et avoir une bonne progéniture. »
D’après la sociologue , la recrudescence des divorces «doit être une préoccupation de la communauté car c’est une série de phénomène d’éloignement »
à la sociologue d’ajouter que «le premier éloignement c’est l’individu par rapport à la famille. C’est à l’intérieur de la famille qu’on inculque à l’individu un certain nombre de valeurs qui, par la suite, impriment une orientation dans sa vie. Le deuxième éloignement, c’est par rapport à certaines valeurs comme le sacré. Aujourd’hui, le sacré a cédé la place au matériel. Les relations sociales sont monétisées.»
De ces divorces peuvent découler des conséquences comme l’envie de ne plus se remarier aussi bien chez les hommes que chez les femmes divorcés, un traumatisme chez les enfants dont les parents sont séparés.
Cependant des études ont montré que les mariages sont beaucoup plus stables au Sénégal que dans beaucoup d’autres pays d’Afrique.
SSD