Le Sénégal dit non à la Cedeao

INITIATIVE DE L’ORGANISATION REGIONALE

Le Sénégal dit non à la Cedeao sur la limitation des mandats 

La limitation des mandats présidentiels reste un sujet qui cristallise toutes les attentions en Afrique et, plus particulièrement, en Afrique de l’ouest. S’il est vrai que la Constitution de plusieurs pays appartenant à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) prévoit la limitation des mandats, il est aussi avéré qu’une telle disposition n’est pas respectée. Est-ce que ce sera le cas au Sénégal avec le Président Macky Sall soupçonné de vouloir se présenter en 2024 pour une troisième candidature ? La révélation du Dr Cheikh Tidiane Dièye de la plateforme Avenir Sénégal Bi Nu Beug suscite l’inquiétude puisque le Sénégal, en compagnie de la Côte-d’Ivoire et du Togo, a refusé de signer une disposition portant limitation des mandats dans la zone Cedeao.  

Que peut-il bien arriver au Sénégal au point de refuser de signer un protocole qui est un signal fort en matière de stabilité politique à tout point de vue ? Surtout qu’en ce moment, la sous-région, au-delà de la présence des groupes terroristes, fait face à une instabilité avec des conséquences énormes. Et pour cause, au Mali, il y a eu une succession de coups d’Etat militaires. Un pays qui a fini de contaminer d’autres pays de la sous-région comme la Guinée et le Burkina-Faso. Pourtant, les observateurs ainsi que les acteurs politiques et de la société civile sont unanimes sur la question et dénoncent le non-respect des Constitutions, relativement à la limitation des mandats. Comme pour dire que les mandats « de trop » créent le plus souvent des situations de troubles socio-politiques. Au Sénégal, plus particulièrement, la Constitution est claire en son article 27 qui dit de manière explicite que ‘’nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs’’. Cette disposition, malgré sa clarté et sa pertinence, a pourtant fini de semer le doute car, il est prêté au Président de la République, l’intention de chercher à briguer un troisième mandat. Cette suspicion est d’autant plus légitime, suite à la révélation faite hier par Dr Cheikh Tidiane Dièye de la plateforme Avenir Sénégal Bi Nu Beug qui a dit que le Sénégal, le Togo et la Côte-d’Ivoire sont les trois pays sur les quinze que compte la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) à refuser de signer la semaine dernière à Accra (Ghana), un amendement du protocole de l’organisation sous-régionale sur la démocratie et la gouvernance. A l’en croire, ce protocole devait permettre la limitation (définitive) des mandats présidentiels, de même que l’impossibilité pour les Etats membres de la Cedeao de modifier la loi électorale dans les six mois qui précèdent une élection. Une disposition, faut-il le rappeler, qui existe, mais qui n’est pas respectée dans l’absolu. «Les Présidents Macky Sall du Sénégal, Alassane Dramane Ouattara de la Côte-d’Ivoire et Faure Gnassingbé du Togo sont les trois seuls chefs d’État de la Cedeao qui ont fait émettre des réserves à l’amendement qui a été soumis à l’appréciation des ministres des Affaires étrangères des pays membres», a défendu Dr Cheikh Tidiane Dièye. Une occasion pour lui de clamer qu’une telle démarche est révélatrice sur le fait que le régime du Président Macky Sall est en train de créer les conditions de présenter une troisième candidature en février 2024. «Nous devons tous exiger le retrait de cette réserve du Sénégal. Que le ministre des Affaires étrangères se penche sur cette Charte dans laquelle le Sénégal ne doit pas avoir une position qui n’honore pas sa marche démocratique», a encore soutenu Dr Cheikh Tidiane Dièye.

Abdoulaye MBOW 

 

 

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