TUERIE DE BOFFA BAYOTTE René Copin Bassène et Atoute Badiate paient le prix du sang
En 2018, quatorze jeunes partis à la recherche du bois, avaient été sauvagement exécutés par un commando armé jusqu’aux dents. Leur mise à mort avait été si cruelle que tout le monde avait réclamé l’arrestation de leurs assassins, leur jugement et leur condamnation à une peine à la mesure de leurs crimes odieux.
Quatre ans après les faits, ce n’est qu’hier que le verdict est tombé. Et, comme attendu, la justice a eu la main lourde contre le journaliste René Capin Bassène, le chef rebelle César Atoute Badiate et Oumar Ampouye Bodian, condamnés tous les trois à la réclusion criminelle à perpétuité. Les familles des victimes peuvent désormais faire le deuil de leurs enfants sauvagement assassinés dans la forêt de Boffa Bayotte, alors qu’ils étaient partis à la recherche du bois. Ils ne reviendront plus jamais, car attaqués par un commando lourdement armé et sauvagement assassinés. Ils étaient quatorze personnes tuées de la manière la plus atroce. Un véritable carnage qui suscita l’émoi et la consternation dans tout le pays.
Très vite, la traque est lancée avec l’entrée en matière d’éléments appartenant à la Section recherches de la Gendarmerie. Quelques semaines plus tard, des arrestations sont opérées. Treize personnes sont mises aux arrêts et placées sous mandat de dépôt. Petit à petit, le juge enquêteur rassemble plusieurs pièces du puzzle en se référant aux conclusions de l’enquête des hommes en bleu. Les années passent et les présumés tueurs des jeunes de Boffa Bayotte clament leur innocence, tiennent des grèves de la faim et réclament la tenue de leur procès. Ce qui a été fait dans le courant de l’année 2021.
Très vite, le nommé René Capin Bassène,, journaliste de son état, est perçu comme étant le cerveau du commando d’exécution. Et, malgré ses dénégations, clamant sur tous les toits qu’il n’avait rien à voir avec une telle tuerie si sauvage, il ne rentrera plus jamais à son domicile. Et pour cause, M. Bassène, le chef rebelle César Atoute Badiate et Oumar Ampouye Bodian ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est reproché à César Atoute Badiate d’avoir fourni les armes et les hommes pour se lancer dans cette tuerie. Quant au reste du groupe, soit treize mis en cause, ils ont été soit acquittés, soit condamnés à six mois de prison. Soit beaucoup moins que leurs quatre années de séjour carcéral.
Il faut rappeler que les mis en cause comparaissaient depuis le 21 mars dernier à la barre de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Ziguinchor pour association de malfaiteurs, participation à un évènement insurrectionnel, assassinat, tentative d’assassinat, séquestration ayant entrainé la mort. Parmi les chefs d’accusation, il y avait aussi le vol en réunion avec usage d’arme et de violence, détention illégale d’arme de la première catégorie, complicité d’assassinat. A ce propos, la chambre criminelle avait enregistré le même jour les plaidoiries des avocats de la partie civile après l’audition des témoins et des accusés qui avait pris une dizaine de jours. Au cours de leur plaidoirie, les avocats de la partie civile avaient réclamé 20 millions de francs CFA de dommages et intérêts pour chacune des 14 victimes enregistrées dans cette tuerie qui ôta la vie à quatorze bûcherons retrouvés morts le 6 janvier 2018 dans la forêt classée de Boffa Bayotte, au sud de Ziguinchor, non loin de la frontière avec la Guinée-Bissau.
« Nous avons toutes les raisons d’avoir peur de la façon dont fonctionne notre justice»
Hier matin à Ziguinchor, les juges du Tribunal de Grande Instance ont suivi le procureur dans son réquisitoire, pour les cas de René Capin Bassène, de Omar Ampouye Bodian et César Atoute Badiate, jugés par contumace, condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. Sur les quinze personnes détenues jusque-là pour cette affaire dite de la tuerie de Boffa Bayotte, treize ont recouvré la liberté. Onze des treize ont été relaxées, deux ont écopé de six mois avec sursis. Seuls René Capin Bassène et Ampouye Bodian vont rester en prison, condamnés qu’ils sont, à la réclusion criminelle à perpétuité. Un verdict d’injustice déclare Me Clédor Ciré Ly, un des avocats de la défense. «Nous avons toutes les raisons de frissonner et d’avoir peur de la façon dont fonctionne notre justice», s’insurge l’avocat, qui dénonce «une injustice criarde, une décision surprenante, désespérante». Selon Me Clédor Ciré Ly, les juges, quelque part, ont écouté, mais n’ont pas pu comprendre.
Il précise cependant devoir faire appel pour le cas de Ampouye Bodian, qui l’a mandaté. Quant à René Capin Bassène, il menaçait de se suicider en cas de condamnation, selon l’avocat. Me Clédor Ciré Ly confie qu’il va parler avec le concerné sur cette affaire afin d’éviter qu’il ne passe à l’acte. Sur ce point, il affirme avoir parlé à son épouse et ensemble, ils vont le convaincre de faire appel et revoir cette décision des juges. Les avocats de la défense qui s’attendaient à un verdict d’apaisement, ont vu ainsi leur requête rejetée pour les deux détenus que sont René Capin Bassène et Ampouye Bodian, ainsi que César Atoute Badiate qui a suivi de loin ce procès.
A M